A Laurent Martin A l'artiste, à l'ami, au mécène
Ami, viens avec moi, car voici que la nuit,
Bijoux d’or et d’argent, manteau de velours noir,
Sur la terre lassée s’est étendue sans bruit.
Viens… Allons écouter le silence du soir.
L’herbe s’est étoilée de gouttes de rosée
Et de fleurs endormies. Les branches bleues des pins
Berçant des oiseaux noirs aux cris ensommeillés
Sous le souffle du vent se balancent sans fin.
Ah ! Surtout ne dis rien… Et la nuit te prendra
A ses charmes secrets, ses rêves éveillés,
A ses parfums d’ailleurs. Une ombre t’attendra,
Et toi tu la suivras, le cœur émerveillé.
Tu me réponds tout bas que je rêve vraiment
Quand la peur, et la mort, hantent les sombres bois ;
Quand la nuit, de ta fin, est le pressentiment,
Et qu’au creux de tes reins le noir désir flamboie.
Que pèsent cette nuit, et son obscurité
Dans le cours de tes ans ? La paix te reviendra.
Comme l’onde qui fuit, le mal est emporté.
Ne crains plus mon ami… Le jour se lèvera !
Nautica – Juillet 1980