La chanson du vieil amoureux

Je viens Te réveiller, ma Belle au bois dormant…

Qu’y a-il, mon amour, derrière ce front bombé
Et ces paupières closes sur un jardin fermé ?
Dis-le moi, je t’en prie… Je ne sais rien de Toi,
Tu ne sais rien de moi… Tu es sourde à ma voix,
Et cependant je t’aime, d’un amour assez fort
Pour qu’en un chant de vie soit transformé la mort.

Dis-moi, ce lent sourire sur tes lèvres mi-closes,
Est-ce la fin d’une peine ? ou l’éclosion des roses
De la joie, de la vie dans ton cœur endormi ?
Dis-le moi, mon amour ! Ôte ce noir souci
Du pauvre cœur aimant, tout occupé de Toi,
Dis-le moi, mon amour, mais ne le dis qu’à moi !

Sais-tu que je voudrais t’apporter dans mes mains
Toute la joie du monde : la rosée du matin,
d’herbe chaude à midi, les sapins dans la nuit ;
La joie… et la tristesse… et le temps qui a fui,
Et les pleurs des enfants, et le chant des amants,
Je voudrais, dans ton cœur, mettre un feu dévorant !

Hâte-Toi, mon amour, car le temps m’est compté.
Déjà la mort est là, qui marche à mon côté.
Bientôt tu seras seule, et tu pourras dormir.
En serrant sur tes seins l’ombre du souvenir,
Tes seins que j’ai baisés, tes seins que j’ai aimés,
O mes Tendres colombes, mes deux oiseaux blessés.

N’est-tu pas réveillée, ma Belle au bois dormant ?

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