Chaudron noir, chaudron noir… Fonte noircie au feu.
Feu vivant, crépitant. Bleu, jaune, rouge. Feu.
Soupe maléfique ; sale brouet maudit,
Qui bout et qui rebout dans tes flancs arrondis :
Rouge, l’amour perdu, donné en vain. Perdu…
Et redonné gratis à tous les chiens des rues.
Trop blancs les désespoirs, grises les sombres nuits ;
Tout jaune les remords, mauve le triste oubli.
Je vois des gnomes verts qui soufflent sur le feu…
Tout ce qui grouille en moi, et dont je suis l’enjeu.
Il faudrait t’enlever de ce feu infernal.
De temps en temps j’essaie, d’un geste machinal…
Seule, je ne peux pas. Tu es beaucoup trop lourd.
Je pourrais bien crier, mais tout le monde est sourd.
Je vois !… Tout va brûler !… Tout brûle jusqu’au bout.
La nuit hulule en moi sa chanson de hibou :
« Marche sur la cendre. Enfonce dans la cendre.
Tu n’es plus que cendre ! »
Seul reste le chaudron.
Chaudron noir, chaudron noir… Fonte noircie au feu.