QUE JE VOUDRAIS T’AIMER A PETIT BRUIT DE PLUIE

A ma fille Bernadette

Que je voudrais t’aimer à petit bruit de pluie.
Douce pluie de baisers, ô chanson de la nuit,
Piqués là où s’en vont tous les baisers du monde,
Avec leur goût de sel et la fraîcheur de l’onde.
Tu verrais refleurir ton corps meurtri, lassé ;
Il aurait le parfum et la saveur mêlés
Des coquilles marines et des roses décloses.
Alors, à travers moi, tu verrais toutes choses…
Toi, tu serais ma fin et mon commencement,
Mon tout premier bonheur, et mon dernier tourment.

Amour, feu dévorant… Longue plaine glacée…
Jardin bruissant d’abeilles.. Et maison désertée…
Le vent de la passion décape et met à nu
Notre cœur alourdi de rêves éperdus.
Rien ne peut repousser après son passage
Sinon des herbes folles, dans un jardin sauvage.
Chaque jour nous rêvons, et nous luttons sans trêves ;
Mais le temps est trop court, et la vie est trop brève
Pour nos amours naissantes et déjà condamnés.
A ces frêles amours manque l’éternité.

Accorde-moi, Seigneur, le rêve de ma vie,
Et fais qu’au dernier jour, nous soyons deux, unis,
Comme le lierre à l’arbre, la rivière à son lit,
Quand nous aborderons aux rives de la nuit.

Permets-nous de chanter, sur la route du soir,
La chanson qui berçait notre premier espoir.
Et, quand nos corps lassés d’avoir tant supporté
Réclameront pitié, que nos ombres mêlées
Trouvent au même instant un jardin qui s’éveille
Pour y dormir, ensemble, de leur dernier sommeil.

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