SOUVENIR, SOUVENIR, QUE ME VEUX-TU

(Verlaine)

Ah ! Je vous croyais morts !
Je vous avais jetés,
Tout vivants, tout fumants,
Dedans le puits sans fond,
Le puits noir de l’oubli.
Je vous avais tués… Du moins je le croyais !
Et je vous vois sortir en hideuses cohortes…
Comment ai-je-pu croire qu’on pouvait oublier.

Souvenirs si ténus qu’on en est plus très sûr.
Vieilles douleurs moisies.
Lambeaux pourris des robes d’or de l’illusion.
Souvenirs de violences, et de cris, et de larmes.
Ah ! Les cris intérieurs des êtres sans défense.. ;
Souvenirs innommables
Qu’on doit taire à tout prix.
Vieux péchés tout sanglants qu’on ne peut effacer.
Et désir de vengeance… Et désir de tuer.
De tuer l’un ou l’autre. D’en tuer au moins un !
Vous dansez la pavane devant mon regard fou.

 

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