ARGILE

Plus on vit, plus on apprend. Mais à force d'apprendre, on n'a plus tellement envie de vivre.

Déesse de pierre et d’argile
Tu luis, faiblement,
Dans le brouillard…
Je marche vers toi,
Sourde et aveugle à ce qui n’est pas toi.
Je marche… Et je tombe,
Et je retombe,
Car je ne connais pas
Cette route où je te suis,
Et j’ignore où se posent mes pas.
Les pierres du chemin
Blessent mes deux genoux,
Et tu recules
A mesure que j’avance vers toi,
Parfois,
La lumière trompeuse de la lune
Me fait croire que tu souris,
Mais tu ne souris pas.
Ce n’est que son reflet
Sur ton visage de pierre.
Je marche… Et je tombe,
Et je retombe.
Mais je sais qu’aujourd’hui

N’est pas le dernier jour,
Et qu’il faudrait encore demain,
Et après-demain, encore,
Pour que nous arrivions à nous comprendre.

Ma lente… Ma dure,
Corps de pierre
Et pieds d’argile
Tu vas… Tu vas,
Dans le brouillard
Et dans la nuit,
Et je te suis…

Je suis une ombre et je te suis
Dans le brouillard et dans la nuit.
Dis-moi,
Combien de brouillards et combien de soleils,
Combien de rêves, combien d’espoirs,
Combien de larmes,
Combien de jours et combien de nuits
Y a-t-il eu
Depuis le premier jour où je t’ai suivie ?
Combien ?

Mais, tout soudain,
Venue on ne sait d’où ;
Par quelle main jetée ?
Ou tombée de quelque montagne invisible,
Une pierre me frappe.

Je m’écroule.
Tu m’écrases,
Ma dure… Impitoyable.

Finie, la route.
Finie, la nuit.
Brisée la pierre,
Reste l’argile
Toi…
Moi…
Ensemble.

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