LES VIEUX LOUPS

Triste est la chair, Seigneur, et trompeur est l’amour.
Je ne le sais que trop… Mais quand tombe le jour,
A ce combat sanglant que se livrent en vain
L’amour, la chair… et Toi, ce n’est pas toi qui vaincs.

Ce n’est pas Toi qui vaincs, mais ce sera le temps.
Demain, je serai, moi, ce vieillard languissant.
Temps, dis-moi, qu’as-tu fait de ceux que j’ai aimés.
Et de leurs corps meurtris, de leurs cœurs consumés ?

Je prendrai bien, ô vie, du temps que tu m’alloues
Pour, un soir, rameuter une bande de loups,
Et hurler avec eux à la fin des amours,
A l’oubli, à la nuit qui obscurcit nos jours.

Tous ceux-là qui, soudain, écartés des grands feux
Du printemps, de l’amour ; interdits à leurs jeux ;
Pauvres loups tout pelés, et que l’angoisse mord,
Se regardent vieillir en attendant la mort.

Ne permets-pas, Seigneur, que lasse de lutter
Contre la vie, et moi ; trop lasse pour crier
Si tu n’écoutes pas et ne viens aussitôt
Je me perde à jamais en m’en allant trop tôt.

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