PRIERE DU SOIR

Au Père Bernard Arnaud

Je ne peux croire

Seigneur, que,

Lorsque j’arriverai au dernier de mes soirs

Vous serez devant moi,

Comme un Juge.

Comme un homme d’affaires gérant son Paradis.

Comme un amant blessé qui ne peut pardonner.

Il approche, Seigneur,

Ce soir entre les soirs…

Je serai devant Vous comme un enfant perdu

Qui a enfin trouvé son Père, et sa maison.

Vous m’aviez appelée. Je Vous ai répondu.

Oui, je Vous ai aimé. Oui, je me suis enfuie.

Et je suis revenue, et je suis repartie,

Combien de fois, Seigneur ?

Vous seul, Vous le savez.

On m’avait trop brisée… On m’avait écrasée.

Je voulais être libre. Je voulais respirer !

Je voulais être moi.

Moi !

J’y suis presque arrivée.

J’ai marché si longtemps

Depuis ce soir d’hiver

Où, lasse, à bout de souffle,

Je changeai de chemin.

Chemins d’aube, et de nuit.

Oasis, et déserts.

Plages de sable fin, et douce mer étale…

Et routes verglacées où je perdais mon âme ;

Je vous ai tous connus

Pardonnez-moi, Seigneur,

Car je suis votre enfant ;

Et Vous qui savez tout, Vous savez que j’ai peur.

Prenez-moi par la main…

Ayez pitié de moi.

Je Vous en prie très fort, prenez-moi près de Vous,

Lorsque je remettrai mon âme entre Vos mains.

 

Riom – mars – 9 mai 1992

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